La consommation de drogues en Belgique connaît une évolution subtile mais significative, et les statistiques et témoignages de première main révèlent un problème plus vaste qu’on ne le pense souvent. Non seulement l’addiction est une réalité marginale, mais elle touche également une part importante de la classe moyenne, comme l’a récemment souligné Catherine Van Huyck, présidente de la Féda-BXL, avec des propos d’une perspicacité saisissante. Elle souligne que « l’urgence ne suffit pas » et que la seule façon d’atténuer les effets de cette pandémie est d’adopter une approche durable axée sur le soutien et la prévention.

Ce sujet devient un enjeu politique majeur à l’approche des élections de juin. Inspirée par le Portugal, où la dépénalisation et la réglementation ont considérablement amélioré la santé publique, la Fédération prône un paradigme alternatif. Ce modèle montre qu’il est possible de minimiser les pertes de productivité et de réduire considérablement les dépenses de santé en accordant une priorité accrue à la prévention. Lorsque les fonds publics doivent être dépensés le plus efficacement possible, cet argument économique est très convaincant.
| Information clé | Détails |
|---|---|
| Sujet | Drogues : la Belgique face à l’urgence d’un nouveau modèle de prévention |
| Organisation citée | Fédération bruxelloise des institutions spécialisées en toxicomanie (Féda-BXL) |
| Personnalité clé | Catherine Van Huyck, présidente de Féda-BXL |
| Étude associée | Rapport ISD (Université de Gand) & safe.brussels |
| Problématiques évoquées | Usage de crack, marginalisation, pauvreté, manque de prévention |
| Alternatives proposées | Régulation du cannabis, dépénalisation des usagers, prévention renforcée |
| Référence utile |
Selon une étude menée par safe.brussels et l’ISD, la consommation de crack dans l’espace public a considérablement augmenté à Bruxelles. Les chercheurs mettent en évidence une conclusion particulièrement évidente : les actions purement répressives aggravent le problème au lieu de l’améliorer. Ils suggèrent des actions combinant assistance sociale, soins médicaux et sécurité. La consommation visible dans la rue témoigne d’une stratégie de survie où le crack n’est pas toujours nocif, mais plutôt utilisé en dernier recours. Avec des mots incroyablement humains, un travailleur social résume la situation : « C’est souvent une bouée de sauvetage plutôt qu’un fardeau qui les accable.»
Selon les statistiques de terrain, les profils sont majoritairement masculins, quadragénaires, souvent sans domicile fixe et issus de milieux migratoires précaires. Cette réalité met en lumière une évidence crue : la toxicomanie est inextricablement liée à l’isolement social et à la pauvreté. L’isolement et les contraintes ont exacerbé le problème pendant la pandémie, augmentant la visibilité dans l’espace public et aggravant le sentiment d’insécurité des habitants.
En revanche, le marché illicite continue de fonctionner avec une efficacité remarquable. Tout comme un paquet de chewing-gum, une dose de crack coûte cinq euros. La force d’une économie criminelle qui se régénère bien plus vite que les interventions policières se reflète dans son acceptation généralisée. Chaque arrestation étant rapidement payée, l’approche punitive est fondamentalement inutile.
La réglementation du cannabis apparaît comme une option particulièrement créative à cet égard. En plus de priver les réseaux criminels d’une source de revenus importante, l’État pourrait recentrer les forces de l’ordre sur d’autres enjeux urgents en réglementant une partie de ce marché. Les partisans de cette stratégie citent le succès portugais, qui comprend une baisse notable des infections au VIH, une baisse spectaculaire des overdoses et la réinsertion progressive des consommateurs dans la société.
Ce débat touche à des questions culturelles autant que politiques. Des célébrités ont efficacement sensibilisé le public dans divers pays en partageant leurs histoires personnelles d’addiction. Des acteurs comme Robert Downey Jr. ont fourni un exemple inspirant du potentiel de renaissance après l’addiction aux États-Unis. La Belgique pourrait s’appuyer sur ses personnalités, ses athlètes et ses artistes pour humaniser la prévention, ce qui renforcerait la crédibilité et l’accessibilité du message.
Pour que la prévention soit efficace, elle doit s’inscrire dans une démarche collective à long terme, à l’instar des initiatives de lutte contre le tabac ou de sécurité routière. On se souvient de l’acharnement du lobbying et de l’éducation progressiste à transformer le port de la ceinture de sécurité, autrefois rejeté, en un réflexe. De même, en créant une culture de sécurité et de responsabilité partagée, la prévention de la toxicomanie pourrait modifier les comportements.
Cette stratégie serait extrêmement avantageuse pour la société dans son ensemble comme pour les usagers. Les entreprises bénéficieraient d’une augmentation de la production, les familles bénéficieraient d’un environnement plus serein et la pression sur le système de santé serait considérablement réduite. Seul un changement radical du paradigme actuel permettra d’atteindre ce cycle positif.
